Pollution
Humain
Environnement
Economique

Deux explosions se produisent à 16 h dans l’unité pilote d’une usine chimique, lors de la préparation d’une distillation sous vide d’un composé de nitro-imidazole.

Vers midi, l’opérateur procédé introduit 154 kg de 1-méthyl-2-formyl-1-nitroimidazole solide dans réacteur de 450 l avec revêtement en verre ; il règle la température du fluide caloporteur (mélange glycol / eau) à 100 ° C au panneau de commande, puis actionne la pompe de circulation du fluide dans la double enveloppe du réacteur. Le chauffage est destiné à faire fondre le solide qui doit ensuite être versé dans des bols de distillation en verre de 20 l qui seront utilisés dans l’unité pilote de distillation. Des essais en laboratoire avaient montré que ces conditions pouvaient produire un produit pur.

4 h plus tard, le solide est presque fondu et l’opérateur met l’agitateur en marche. Peu de temps après, le mélange commence à bouillir et une fumée jaune sort du trou d’homme fermé. L’opérateur sort pour se mettre en sécurité ; 2 explosions successives se produisent à quelques secondes d’intervalle.

Le personnel se regroupe sur la zone de rassemblement conformément au plan d’urgence du site. Les pompiers internes équipés d’appareils respiratoires éteignent les débuts d’incendie avec l’appui des services de secours locaux. La police fait évacuer 2 unités d’une usine à proximité (300 personnes).

L’usine est gravement endommagé (toiture arrachée, murs intérieurs renversés, murs extérieurs fortement endommagés, vitres brisées dans un rayon de 30 m…). Des projections (effet missile) sont retrouvées à 60 m : la tête du réacteur, projetée à travers le toit, a atterri à 30 m tandis que la partie inférieure s’est encastrée dans le sol. Le coût des dommages matériels est estimé à 0,65 M d’euros.

Deux personnes sont légèrement blessées. Bien qu’il n’y ait pas eu de dégâts en dehors du site, les explosions ont été perçues à plusieurs kilomètres (vitres secouées dans une ville à 2 km…), causant beaucoup d’inquiétude dans la population.

La décomposition thermique du produit est à l’origine de l’explosion. Comme le niveau de liquide dans le réacteur était sous celui de la sonde de température, la température exacte n’est pas connue.

L’entreprise avait reconnu la nécessité de mener des tests d’explosivité (propriétés explosives potentielles du produit dues à la présence d’un groupe nitro), mais ces derniers n’avaient pas été réalisés avant le passage à l’échelle pilote. La société comptait compiler les données pertinentes (y compris celles sur la santé et la sécurité) si le procédé était développé jusqu’à l’échelle “production”.

La société interrompt ses activités de recherche/développement de nouveaux procédés. Si celles-ci devaient reprendre, l’exploitant devra préalablement mettre en oeuvre un programme visant à assurer une évaluation adéquate des risques à chaque étape (labo / pilote/ production).