Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une violente explosion survient à 13h28 sur une ligne de fabrication de composants en caoutchouc d’une usine de fabrication d’appareils médicaux de 1,4 ha. L’explosion, accompagnée d’une importante boule de feu, est entendue à 20 km et est suivie de l’incendie du stockage de l’usine qui, alimenté par la rupture de 2 réservoirs en plastique de 28 m3 d’huile minérale, fera rage pendant 2 jours pour être entièrement éteint après une semaine. Des bris de vitres sont reportés jusqu’à 3 km. La projection de débris enflammés entraîne des départs d’incendie dans les zones boisées proches de l’usine fortement endommagée. Les dégâts sont estimés à 150 millions de dollars.

Le bilan humain est lourd : 6 employés décédés et 38 blessés, dont 2 pompiers en manoeuvre et 1 étudiant par des bris de vitre dans son école à 1km.

L’enquête du CSB (U.S. Chemical Safety Board) révèle qu’une explosion de poussières fines de poudre de polyéthylène (PE) utilisée comme revêtement anti-adhésif de bandes de caoutchouc est à l’origine du sinistre, malgré les nettoyages réguliers de la chaîne de production. Celle-ci, sur 2 étages, se compose d’un mélangeur au niveau supérieur (dans lequel est introduit le caoutchouc), suivi à l’étage inférieur d’un broyeur et d’un laminoir pour fabriquer des bandes qui sont ensuite recouvertes de PE à partir d’un réservoir de poudre en suspension dans l’eau. Des poussières de PE se forment lors du séchage et sont aspirées par le système de ventilation et se déposent sur la ligne de production.

L’installation d’un faux plafond quelques années plus tôt entre les 2 étages a créé un espace dans lequel la poussière s’est accumulée, créant une zone propice à une explosion. Si le lieu de l’explosion initiale est confirmé par les dalles de faux plafond retrouvées brûlées uniquement sur leur face supérieure, la cause de la mise en suspension et de l’ignition de la poussière n’a pu être déterminée en raison de la destruction du bâtiment.

L’exploitant n’avait pas identifié le risque d’inflammation ni d’explosion de poussières de PE, malgré un incident (non documenté dans l’entreprise) quelques mois plus tôt : une soudure lors d’une maintenance avait provoqué une inflammation de poussière de PE à proximité, qui s’était éteinte d’elle-même.

L’accumulation de poussière n’était pas visible et des nettoyages réguliers de la ligne de production (hors faux-plafonds) étaient effectués. Les employés étaient probablement insuffisamment formés aux risques puisque des employés de maintenance ayant remarqué une couche de poussière importante dans le faux-plafond quelques semaines avant l’explosion, n’ont rien signalé, n’ayant pas fait de lien avec un risque d’explosion.

Les experts soulignent l’importance de l’analyse d’un tel risque, comme le témoignent un ensemble d’accidents aux USA (en 2003, cf. ARIA 24130). Ils recommandent également le respect les standards de sécurité en matière de protection incendie. 14 mois après l’explosion, l’usine sera reconstruite sur un autre site, sans la partie fabrication de caoutchouc qui est sous-traitée.