Pollution
Humain
Environnement
Economique

Entre le 18 août et le 3 septembre 2003, 24 cas groupés de légionellose sont identifiés dans une zone de 3 km de diamètre à l’est de la ville de Poitiers. L’âge moyen des patients est de 58 ans, 58% d’entre eux sont de sexe masculin. D’après les dates d’apparition des premiers symptômes, la période de contamination est située entre les 13 et 21/08, coïncidant avec une période de forte hygrométrie consécutive à la période du 4 au 13 août durant laquelle les températures étaient caniculaires. Les tours aéroréfrigérantes (TAR) sont suspectées comme étant la source la plus probable de la contamination. Dès le 29/08, l’inspection des installations classées établit, après une réunion de crise en préfecture, un recensement exhaustif des installations présentant des circuits de refroidissement sises dans le périmètre incriminé. Le 29/08, la préfecture prend successivement des arrêtés suspendant l’utilisation de ces installations jusqu’à obtention des résultats d’analyses et impose la vidange complète, le nettoyage et la désinfection des circuits. Leur remise en service est conditionnée (concentration en légionelles < 10^3 UFC/l). Du 30/08 au 08/09, l'inspection effectue 10 visites de contrôle pour vérifier l'arrêt effectif de ces TAR et définir leur classement au regard de la nomenclature : 4 relèvent du régime déclaratif, une n'est pas classée. Le 08/09, les résultats d'analyses des prélèvements du 29/08 sur 4 tours (la 5ème étant vide : autocontrôle réalisé 3 jours plus tôt par l'exploitant) précisent les concentrations en présence. Le 10/09, 3 arrêtés de suspension sont reconduits après résultats positifs des analyses de 3 des 5 installations étudiées, et ce, jusqu'à obtention des sérotypes et génotypes. Ils conditionnent tout redémarrage à la mise en place d'un traitement en continu avec alternance de produits désinfectants et imposent de réaliser 2 prélèvements à 10 et 20 j après la remise en service. 2 des 5 TAR pour lesquelles les concentrations sont inférieures aux limites de détection ne sont pas visées par ces nouvelles prescriptions. L'identification d'une souche clinique unique retrouvée chez 7 patients et sa comparaison avec les souches environnementales présentes dans les différentes TAR a permis de préciser comme source de contamination la plus probable la dissémination d'aérosols contaminés à partir de la TAR d'une banque. Cet établissement fait l'objet, avant tout redémarrage, d'une expertise par un organisme agréé. Deux autres TAR étaient contaminées par des légionelles (au niveau d'une patinoire et de la galerie marchande d'un hypermarché), toutefois les souches identifiées (de sérogroupe 8) sont rarement à l'origine de contamination humaine. En septembre, les prélèvements de contrôle réalisés après désinfection, nettoyage et vidange permettent de confirmer l'absence de légionelles au niveau des 5 TAR. Les prélèvements réalisés sur les autres sources potentielles de contamination (réseau d'eau potable, eau chaude sanitaire, lavage des voitures, golf, etc.) n'ont à aucun moment mis en évidence la présence de légionelles. Cette épidémie se caractérise par l'absence de décès, ce qui pourrait être lié à la précocité et l'efficacité de l'alerte et à la mobilisation du corps médical, mais également à des caractéristiques de la population touchée lors de cette épidémie (médiane pour l'âge peu élevée).