Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une explosion se produit dans l’unité de production de nitrate d’aluminium (Al(NO3)3) d’une usine chimique. Le procédé met en oeuvre l’attaque de 300 kg de poudre d’aluminium en partie supérieure d’un réacteur polyvalent de 6 m³ par de l’acide nitrique (HNO3) qui s’écoule gravitairement d’un doseur de 1 875 l. L’Al(NO3)3 formé se solubilise dans 2 000 l d’eau présents en fond de réacteur. Un automate régule le débit de la coulée d’acide durant une dizaine d’heures.

L’emballement de la réaction aurait provoqué la montée en pression du réacteur, puis son explosion avec projection du couvercle du trou d’homme, 30 minutes après le début de la coulée d’acide. Un opérateur blessé à la gorge par un éclat de verre est hospitalisé et 13 autres employés sont choqués. Le local est endommagé : 16 m² de toiture soufflés. Des traces d’acide nitrique et de vapeurs nitreuses sont détectées dans le bâtiment, mais aucune pollution extérieure notable n’est signalée.

L’opérateur avait remarqué l’emballement de la réaction dès son démarrage : élévation de la température, déclenchement de l’alarme du détecteur de niveau, importante effervescence, passage d’une partie de la masse réactionnelle dans le conduit d’évent… Après mise en sécurité de l’unité, la conduite d’évent avait été arrosée à l’eau froide. L’opérateur aurait respecté les procédures et l’automate gérant la coulée d’HNO3 n’aurait pas connu de défaillance.

Une enquête est effectuée. Elle révèle que la qualité des matières premières est en cause : la poudre d’aluminium comprenait 5 % de particules fines (< 36 µm) contre 0,15 % habituellement, or plus la granulométrie est faible, plus la réactivité de la poudre d'aluminium est importante.

L’accident a donc été provoqué par un emballement de réaction entraînant la montée en pression rapide du réacteur (entre 14 et 18 bar) liée au bouillonnement avec production de mousse qui a obstrué l’évent. La production reprend plusieurs mois plus tard avec un nouveau réacteur (de 9 m³, équipé d’un disque de rupture et d’un refroidissement double-enveloppe) et un nouveau mode opératoire : la poudre d’aluminium (% de fines < 1) est introduite dans un milieu acide (pH<4) pour éviter la formation d'hydrogène, la température de démarrage doit être comprise entre 82 et 85 °C (si T<80 °C : démarrage tardif, si T<78 °C réaction violente due à l'accumulation de HNO3), la coulée d'acide est pilotée par automate, l'agitation du réacteur est sécurisée...