Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une conduite de 250 mm se rompt peu après une manoeuvre hebdomadaire de vannes et démarrage d’une pompe de réserve. Un mélange de dichloroéthane, d’HCl et de CVM à 150 – 160°C sous 12 b s’enflamme très rapidement, l’incendie provoquant ensuite l’éclatement de 2 autres canalisations semblables et voisines.

Un employé est blessé. Un nuage toxique est perçu sur 3 km, 500 personnes dont les occupants d’un lycée sont évacués et le reste de la population se confine. Une teneur de 15 ppm d’HCl est mesurée hors du site, 10 élèves sont examinés et l’un d’eux est hospitalisé.

L’accident a pour origine des phénomènes de cavitation et des turbulences liées à la réduction du diamètre de la conduite de 192 mm à 132 mm (vitesse locale multipliée par 2,1) du fait de la présence d’un diaphragme, ainsi qu’une érosion du métal par le fluide contenant 4 à 6 g/l de particules de carbone.

Utilisées dans des conditions voisines, les 3 canalisations en acier véhiculent des gaz liquéfiés sous pression contenant des particules de charbon en suspension. Les risques d’érosion étant réels et les fluides véhiculés étant inflammables et toxiques, un suivi par mesures d’épaisseur avait été mis en place et était appliqué le jour de l’accident. Aucune perte de métal n’avait cependant été constatée depuis 25 ans malgré le quadrillage très serré utilisé pour les mesures.

La rupture s`est produite à 35 cm au-dessus d’un diaphragme dont le diamètre avait été diminué 4 ans plus tôt. Leur remplacement a augmenté la dépression qu’ils génèrent, les pressions en aval de ces derniers se sont trouvées au-dessous de la limite de cavitation. La géométrie différente de ces 3 canalisations a priori semblables peut expliquer leur comportement différent.

Les points de mesures d`épaisseur étaient au-dessus des zones érodées, les sillons d`érosion se trouvant à l’intrados des coudes alors que les mesures étaient effectuées sur l’extrados.

Le retour d’expérience de cet accident porte sur la prise en compte

  • des dégradations potentielles spécifiques aux fluides chargés et aux risques de cavitation, entraînant une possible érosion, dans les plans d’inspection ;
  • de l’incidence de la géométrie des lignes qui peut être différente même si les conditions process sont semblables ;
  • du positionnement des points de mesures d’épaisseurs à choisir judicieusement à la suite d’une analyse complète des phénomènes possibles de dégradations pour garantir la qualité des mesures d’épaisseur.

Même si un bon positionnement n’est pas facile à définir, cet accident est un exemple de situation à considérer avec des fluides chargés et à la limite de cavitation s’écoulant dans des équipements à géométrie très perturbée.

L’exploitant révise ses plans d’inspection et la canalisation est changée (forme et matériaux).