Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une violente explosion se produit à 7h50 dans une usine chimique produisant des isotopes stables pour la recherche et des diagnostics médicaux par distillation cryogénique en continu.

Les unités de distillation séparent les isotopes stables de monoxyde d’azote (NO) à partir de NO liquide de haute pureté dans les colonnes spécialement conçues (91 m de long, scellées à l’intérieur gaine isolante sous vide de 40 cm de diamètre) se trouvant dans des coffrages métalliques enterrés.

A 7h30, le technicien d’astreinte reçoit une alerte automatique par téléavertisseur indiquant le déclenchement d’une alarme dans une unité de distillation. En arrivant à l’usine 20 minutes après, il constate l’évacuation de gaz brun rougeâtre au niveau de la pompe à vide de unité, ce qui confirme une fuite dans la tuyauterie de la colonne. Il informe sa hiérarchie, qui appelle les secours. Les employés stoppent la fuite en fermant la vanne d’aspiration de la pompe à 8h15.

À 10h15 une violente explosion détruit la colonne de distillation, sa structure de confinement et des bâtiments voisins. Les fenêtres sont soufflées dans un rayon de 42 m, des projections de béton et de métal sont propulsées jusqu’à 300 m, causant des dommages à 3 maisons d’habitation. Un employé est blessé par des éclats de verre. Un grand panneau en acier provenant de la structure de confinement percute un réservoir de monoxyde de carbone (CO) gazeux de 2,5 t et le déplace de 3,5 m. Un second panneau en acier endommage fortement les équipements adjacents. Une rupture de la ligne gaz de remplissage de CO provoque une fuite enflammée qui brûle pendant 1 h, jusqu’à épuisement du combustible. Par mesure de précaution, la police a fait évacuer 2 000 personnes dans un rayon de 1,6 km pendant 24 h.

L’enquête menée par le bureau des produits chimiques (US CSB) identifiera, à partir de l’analyse des preuves matérielles disponibles (la plupart des vestiges étaient inaccessibles en raison des dommages et de l’éboulement dans la partie supérieure du tubage du puits) le scénario de défaillance suivant :

  • la fuite sur une tuyauterie de la colonne de distillation (probablement à cause d’un phénomène de corrosion ou de fatigue) provoque la libération du NO dans l’enveloppe sous vide. La perte du vide dans l’enveloppe dégrade sérieusement sa capacité d’isolation, ce qui accroît la charge thermique sur la colonne.
  • La fermeture de la vanne d’isolement de l’enceinte permet de stopper la fuite de CO vers extérieur, mais le NO s’accumule alors dans l’enceinte et le NO liquide commence à bouillir puis détone.

Les experts soulignent que la société n’a pas réaliser une analyse complète des risques liés au procédé pour évaluer la sécurité et mettre en place les systèmes de protection adéquats (calculs de protection contre les surpressions, blindage…). L’entreprise a eu 3 accidents sur les colonnes de distillation, dont 2 impliquant la détonation de NO liquide, mais ceux-ci n’avaient pas été analysés à fond de manière à identifier des mesures correctives pour prévenir les récidives.

Des recommandations sont également faites sur la gestion de l’urbanisation et la planification d’urgence.