Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un haut-fourneau explose à 17h13 dans un complexe sidérurgique. La fonte est produite sur site dans 2 hauts fourneaux. La conception de celui impliqué dans l’explosion date des années 1950, des modifications ayant été apportées au fil des ans. L’un d’entre d’une hauteur de 90 m est soutenu par des colonnes en acier. Construit en 2 sections, la moitié supérieure a un mouvement vertical limité par rapport à la moitié inférieure grâce à la présence d’un joint de recouvrement. L’enveloppe extérieure métallique de 3,5 cm d’épaisseur est doublée d’un revêtement réfractaire dans lequel ont été insérés 1 400 tubes de refroidissement en cuivre. L’eau de circulation est pompée après passage dans des refroidisseurs pour évacuer la chaleur. Le haut-fourneau peut contenir 2 000 t de charge (minerai de fer, coke et chaux) et possède 24 tuyères (buses) situées au niveau du ventre qui servent à pulser l’air chaud favorisant la combustion.

L’événement débute avec une surpression rapide du contenu du four dans la zone de fusion à cause d’une réaction eau – matériaux en fusion. La surpression soulève la partie supérieure de la structure pesant près de 5 000 t et de près de 0,75 m. Le linteau s’écarte des colonnes de support du four. La levée de la partie supérieure du four provoque une ouverture de 400-600 mm sur toute la circonférence au niveau du joint. Le gaz (principalement CO) et des matériaux chauds sont alors éjectés horizontalement par cette ouverture ; 200 t de matériaux liquides, solides et semi-solides sont éjectés sur le sol. Des gaz et de la poussière s’élèvent dans la halle de coulée, sortent par diverses ouvertures du bâtiment et s’enflamment.

Une fois la pression déchargée, le four, qui a tourné de 20-50 mm, retombe à la verticale mais est excentré de 1 m ; il repose sur une partie du joint, le linteau n’est plus en contact mais 50-100 mm au dessus du sommet de la colonne brides ?. Le poids de la cheminée du four appuie essentiellement sur le bas du joint de recouvrement.

Aucun signe avant coureur n’a été à priori détecté par le personnel travaillant sur le plancher ; plus tard, certains témoins évoqueront un « grondement » du four peu avant l’explosion. Trois employés qui se trouvaient sur le four décèdent, 17 employés et sous-traitants sont blessés au niveau de l’aire de coulée, dont 5 grièvement. Les dommages matériels s’élèvent à 2 M d’euros.

Le haut-fourneau a éclaté en raison d’une surpression interne importante provoquée par une réaction eau-métal en fusion dans la partie inférieure du four. L’explosion s’est produite après une tentative prolongée – sur deux jours – pour récupérer le four d’une situation dégradée de « foyer froid » dû à une infiltration d’eau de refroidissement.

L’eau du système de refroidissement a pénétré dans le four à la suite d’une chaîne d’événements initiés par la défaillance de systèmes de refroidissement critiques pour la sécurité. Au moment de l’explosion, les tentatives se poursuivaient pour remédier aux conditions de fonctionnement anormales créées et pour préserver le haut fourneau.

Les éléments précurseurs de l’explosion sont une combinaison de défaillances importantes s’étendant sur de nombreuses années en matière de gestion de la sécurité, tant sur le haut-fourneau qu’ailleurs dans l’usine, en particulier au niveau du département en charge de l’alimentation en eau de refroidissement.

Des analyses de risques insuffisantes sur le haut fourneau ont entraîné l’échec de la mise en œuvre de contrôles techniques et de procédures solides. La sécurité de l’approvisionnement en eau de refroidissement et les redondances sur ce système étaient insuffisantes, alors que la situation montrant une baisse de fiabilité du système se détériorait depuis plusieurs mois (défaillances en série de pompes…).