Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine fabriquant du combustible nucléaire pour un réacteur expérimental (surgénérateur), une réaction générant des lueurs bleues s’amorce vers 10h35 heure locale lors de la synthèse d’oxyde d’uranium enrichi à 15 / 20 % à partir d’une solution d’hexafluorure. La réaction incriminée consistait à mettre en présence dans une cuve de l’acide nitrique et de l’uranium très enrichi (19 % U235 contre 3 à 5 % pour le combustible nucléaire classique).

Court-circuitant une pompe et des cuves tampons, les opérateurs peu formés ont versé par erreur avec des seaux en inox 16 kg d’uranium (2,3 kg prévus) dans une cuve de décantation. La masse d’uranium étant supérieure à la “masse critique”, une réaction en chaîne de fission s’est déclenchée avec émission de rayonnements ionisants et d’éléments radioactifs (xénon, krypton,iode…) ; la chaleur vaporisant la solution (“flash”). La cuve n’étant pas confinée, une partie des réactants a été émis à l’atmosphère. La réaction durera plus de 17 h, 24 employés sont irradiés, 14 sont hospitalisés. Sur 3 grièvement atteints, 2 décèdent 3 et 7 mois plus tard (doses absorbées 18 et 8 GyEq), le 3ème quitte l’hôpital le 20/12/99 (1 à 4,5 GyEq). La radioactivité post-accidentelle atteindra 4 000 fois la norme autour du site. Selon un bilan officiel présenté le 13 octobre 2000, 667 personnes ont été exposées aux radiations (172 employés usine, 260 membres des services de secours, officiels ou experts et 235 citoyens). La procédure interne utilisée, dite rapide, était contraire au manuel visé par les autorités. L’accident est classé au niveau 3 de l’échelle INES.

Les autorités municipales demandent par radio aux habitants de rester chez eux à 12h30, 150 personnes sont évacuées par bus dans un rayon de 350 m 3 h plus tard et, 7 h après (22h30), la préfecture de région recommande à 310 000 personnes de se confiner dans un rayon de 10 km. D’autres mesures sont prises le lendemain : fermeture de 135 écoles (10 km), arrêt d’activité des usines (9 000 travailleurs), restriction de la circulation routière et ferroviaire, rappel et contrôle des marchandises alimentaires… Le confinement sera levé à 15 h, soit 28h25 après l’accident, les écoles rouvrent le 2 octobre au matin, les restrictions de circulation sont levées et les 150 personnes évacuées regagnent leur domicile 56 h après l’accident.

Les responsables sont condamnés à des peines de prison avec sursis le 3 mars 2003, la peine la plus grave étant à l’encontre du directeur de l’établissement (3 ans et 500 000 yens d’amende, soit 4 240 dollars) pour négligence professionnelle et infraction à la législation sur la sécurité nucléaire. Cinq employés, dont un ouvrier rescapé de l’accident, sont condamnés à des peines de 2 à 3 ans de prison. La société mère devra verser une amende d’un million de yens (8 480 dollars), montant maximum prévu par la loi, pour un manque de rigueur dans les procédures de contrôle ayant permis la répétition routinière de pratiques dangereuses.