Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une usine chimique pollue gravement le RHONE en rejetant à 2 reprises un mélange de pyrocatéchine et d’hydroquinone. Obtenue par hydroxylation continue du phénol en présence d’eau oxygénée, ces substances sont séparées par distillation (pyrocatéchine en tête / hydroquinone en pied). L’hydroquinone est ensuite purifiée par solubilisation dans l’eau et recristallisation en 2 jets successifs, séchée et conditionnée. L’unité est en phase de redémarrage depuis le mardi à 5h30. Un mauvais réglage de la distillation conduit à soutirer en pied de colonne de l’hydroquinone contenant un peu de pyrocatéchine. Lors de la cristallisation du 1er jet, la pyrocatéchine dissoute dans les eaux mères ne perturbe pas la production d’hydroquinone. Mais lors de la cristallisation du 2ème jet avec concentration par évaporation de la solution mère, la pyrocatéchine présente dans l’hydroquinone donne un produit non valorisable et bloque le 2ème jet en raison de son dépôt sur les tubes échangeurs de chaleur de l’évaporateur. L’exploitant décide de vidanger les cristallisoirs 2ème jet et les relais entre les 2 jets : 230 kg de pyrocatéchine et 468 kg d’hydroquinone en solution sont déversés dans le fleuve le jeudi entre 15 h et 16h30. Une ‘pousse à l’eau’ est ensuite effectuée, l’unité tournant en circuit fermé sur l’évaporateur, jusqu’à ce que l’essorage 1er / 2ème jet ne produise plus de cristaux. A la reprise de la fabrication le dimanche, de la pyrocatéchine provenant sans doute du dissoluteur non rincé lors de la ‘pousse à l’eau’ est à nouveau détectée dans le 2ème jet. Une 2ème vidange le dimanche entre 0 h et 4h30 conduit à un rejet polluant plus important (100 kg de pyrocatéchine / 1 200 kg d’hydroquinone) ; 60 tonnes de poissons morts seront récupérées les jours suivants. L’Inspection des IC informée 3 jours après le 1er incident constatera également plusieurs infractions : connaissance insuffisante des rejets de l’unité, toxicité réelle de l’hydroquinone sur les poissons mal connue… Un arrêté révise les normes et conditions des rejets aqueux de l’usine, renforce la prévention des pollutions accidentelles, impose pour les substances chimiques utilisées ou synthétisées sur le site des tests de toxicité sur les poissons du RHONE dans le cas ou les données bibliographiques seraient insuffisantes et demande une étude de la diffusion de ces substances dans le fleuve (modélisation rejets / concentrations susceptibles d’être rencontrées dans le milieu naturel).