Pollution
Humain
Environnement
Economique

À 20h14, une cuve de traitement contenant 350 kg d’hydroxylamine (HA) explose pendant la phase de distillation du premier lot fabriqué dans une nouvelle usine de produits chimiques. L’HA (formule chimique NH2OH) est utilisée sous forme de solution aqueuse (jusqu’à 50 %) ou de sels dans l’industrie de fabrication des semi-conducteurs, mais aussi de nylon, d’encres, peintures, produits pharmaceutiques et agrochimiques et révélateurs photographiques. La base concentrée (à plus de 80%) est susceptible d’exploser par décomposition.

Le procédé comporte 4 étapes : réaction, filtration, 30 h de distillation puis purification par échange d’ions. La distillation a commencé le 15/02, mais est interrompue dans la soirée du lendemain pour une intervention de maintenance après détection d’entrée d’eau dans le réservoir de charge (à travers des tubes cassés dans la colonne de chauffage). La distillation reprend le 18/02 après les réparations nécessaires. Le 19/02, une ligne d’alimentation de la colonne de chauffage de 38 mm est remplacée par une ligne de 50 mm, ce qui retarde le démarrage jusqu’à tard dans la matinée. La concentration de la solution dans le réservoir de charge augmente régulièrement tout au long de la journée, jusqu’à atteindre la concentration dangereuse de 86 % en poids entre 19 h et 19h15. Conformément à la procédure, le personnel rappelle l’ingénieur de fabrication et tente d’empêcher la formation de cristaux explosifs en diluant avec une solution de HA à 30 % lorsque l’explosion (décomposition) se produit, déclenchée par la chaleur ou de la friction dans le procédé.

Quatre employés et le gérant d’une entreprise voisine sont tués ; 2 employés sont retrouvés blessés sous les décombres et 4 personnes sont blessées dans des bâtiments voisins. Six pompiers et 2 gardes de sécurité sont légèrement blessés lors des interventions de secours.

Le site est fortement endommagé ; 10 autres bâtiments sont endommagés dans le parc industriel et les fenêtres sont brisées dans plusieurs maisons voisines. Les dommages matériels sont estimés à 4 M de dollars.

Un cratère de 1,8 m large, 8 m de long et 40 cm de profondeur s’est formé dans le sol en béton à l’emplacement du réservoir, indiquant une explosion équivalente à 363 kg de TNT.

Le bureau des accidents chimiques (US CSB) enquête et découvre qu’en raison d’insuffisances graves dans la collecte et l’analyse des informations sur la sécurité des procédés, les systèmes de gestion de la sécurité de l’exploitant ne permettaient pas d’identifier correctement les risques inhérents au procédé de fabrication de l’HA. Les éléments de base et bonnes pratiques de sécurité des procédés et de génie chimique tels que revues de conception des procédés, analyse des risques, mise en place d’actions correctives et analyses d’experts n’étaient pas correctement mises en oeuvre.

Enfin, un système inadapté de procédure d’autorisation par les autorités locales en charge de la maîtrise de l’urbanisation a permis l’implantation d’une installation très dangereuse dans une zone industrielle légère.

Une explosion d’HA similaire se produira 16 mois plus tard au Japon (ARIA 17922).