Pollution
Humain
Environnement
Economique

A 7h55, 2 violentes explosions espacées de 3,5 s détruisent une usine de fabrication d’explosifs, tuant 4 ouvriers et en blessant 6 autres (dont 3 grièvement brûlés) parmi les 11 employés présents. Les explosions atteignent une magnitude de 2,0 et sont ressenties jusqu’à 30 km. Les bâtiments sont détruits : murs soufflés, projections de débris jusqu’à 915 m… Craignant d’autres explosions, les pompiers n’interviennent pas. L’incendie brûle pendant plus d’une journée. Plus de 21 t d’explosifs sont impliquées. L’installation n’est jamais reconstruite.

L’explosion initiale s’est produite dans une salle de fabrication de “boosters” (bâtons d’explosifs utilisés dans l’industrie minière pour faire exploser des explosifs civils). La 2ème, plus puissante, souffle un bâtiment utilisé pour le séchage de PETN (tétranitrate de pentaérythrite), laissant un cratère de 12 x 18 m et profond de 1,8 m.

La fabrication des détonateurs implique la fusion et le mélange de trinitrotoluène (TNT) et d’autres matières premières, puis le conditionnement en cylindres de carton. Ces opérations sont effectuées dans les 2 bâtiments contigus “booster 1 et 2”. Le PETN, explosif très puissant stocké humide en raison de son instabilité, est séché dans un bâtiment situé à 67 m avant d’être transféré dans les bâtiments de production.

Le bâtiment booster 2 comprend 4 grandes cuves de mélange. La veille, un travailleur a quitté son poste plus tôt. Il laisse 23 à 42 kg de matières premières fondues dans une cuve, pensant qu’un collègue les utiliserait plus tard cet après-midi là. Au lieu de cela, le matériau se solidifié dans la cuve à cause des températures extérieure négatives pendant la nuit. Le lendemain matin, le travailleur retourne à son poste. Supposant que la cuve est vide mais sans le vérifier, il enclenche l’agitation, initiant la 1ère détonation (par simple frottement de l’explosif durci ou en raison de la présence d’un corps étranger en métal, les matières premières provenant de munitions démilitarisées contenant fréquemment écrous ou des boulons. Malgré cela, aucune vérification n’était menée avant utilisation…).

L’onde de choc de l’explosion initiale fait exploser plusieurs tonnes d’explosifs stockés à l’intérieur du bâtiment. Les débris lourds projetés pleuvent sur le bâtiment de séchage de PETN, perçant le toit et entraînant la 2eme explosion encore plus forte (effet domino).

L’enquête menée par le CSB révèle des manquements graves à la sécurité : conception de l’usine inadaptée (distances minimales de sécurité internes non respectées…), absence d’implication des travailleurs dans l’analyse des risques, analyse des risques lacunaire et ne couvrant pas les bâtiments de fabrication, responsables de l’usine inconscient du risque intrinsèque d’explosion des matériaux utilisés… L’enquête montre également l’absence de procédures écrites et de formation (utilisation régulière d’outils métalliques…) et l’absence de suivi des modifications (changements de matières premières, d’équipement et de modes opératoires sans analyse de risque…).

La majorité des travailleurs ne parlait qu’espagnol et aucun document (mode opératoire, vidéos de sécurité…) n’était disponible dans cette langue. L’information ne reposait que sur une traduction officieuse entre employés, créant de fait des possibilités d’erreur et de mauvaise communication.

Les inspecteurs de l’Etat étaient également insuffisamment formés sur les risques liés aux explosifs et la dernière inspection en date (en 1996) avait porté sur l’hygiène industrielle.