Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine d’engrais en service depuis 1969 et située à 12 km d’une ville de 40 000 habitants, un réservoir d’ammoniac (NH3) cryogénique de 10 000 t rempli à 70 % monte en pression et éclate à sa base. La vague qui s’échappe de la brèche béante désolidarise le réservoir de son socle. Poussé dans le sens opposé, il détruit le mur de protection en béton armé puis est propulsé à 40 m de ses fondations. Le jet d’NH3 liquide alimente une flaque qui atteint 70 cm de hauteur, se propage sur le site et mettra 12 h à s’évaporer. Les vapeurs générées s’enflamment sur une torche. Le feu gagne les stocks de 55 kt de NPK dont la décomposition thermique durera 3 jours (effet domino). Le nuage toxique (NH3, NOx) contamine une zone de 400 km². Officiellement, 7 morts et 57 blessés sont à déplorer parmi le personnel d’exploitation de l’unité et des sociétés de construction travaillant à proximité de la zone accidentée. Les autorités municipales font évacuer les zones à risques dès lors que la concentration en NH3 dans l’air excède 10 mg/m³ ; 32 000 personnes seront ainsi déplacées.

De conception japonaise, à simple paroi, le réservoir isolé par de la perlite est alimenté par un atelier de 1 400 t/j distant de 600 m. Quelques heures avant l’accident, l’un des 2 turbocompresseurs de liquéfaction est arrêté pour de longues réparations. Le 2ème turbocompresseur l’est à son tour 1 h avant pour une réparation de courte durée. Rencontrant des difficultés pour mettre en service le compresseur de secours à piston, les opérateurs détournent l’NH3 vers un stockage sous pression ; 14 t d’NH3 chaud (+ 10 °C) ont cependant été introduites en partie basse du réservoir cryogénique dont le ciel gazeux monte rapidement en pression. Malgré les soupapes, le fond du réservoir se déforme et s’ouvre.

Le phénomène de roll-over envisagé par certain n’est pas confirmé par les experts. Les enquêtes montreront que :

  • la plus forte résistance du toit par rapport à celle des liaisons entre la paroi interne de la cuve et du fond, ainsi que celle des pattes d’ancrage a entraîné la rupture du réservoir à sa base, le fond de celui-ci restant solidaire des fondations ;
  • la vague d’NH3 liquide a rompu le mur de protection, pour se répandre sur une grande superficie aggravant ainsi les conséquences de l’accident,
  • une résistance du mur de protection non conforme aux spécifications prévues à la conception de l’unité à la suite de modifications apportées lors de la construction pour diminuer les coûts de matériaux et de main-d’oeuvre. Des modifications auraient aussi été apportées pour cette même raison aux fondations et dispositif d’ancrage du stockage.

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