Pollution
Humain
Environnement
Economique

A 15h30 une brèche se forme sur un barrage retenant des déchets de minerai de fer. La vidange du réservoir est lancée, mais l’ouvrage se rompt à 16h20. La retenue se vide intégralement dans la vallée en aval, ce qui provoque la rupture d’un second barrage. Une coulée de boue, d’environ 60 millions de tonnes, engloutit un village de 620 habitants. L’exploitant prévient certains riverains par téléphone, mais sa liste est incomplète. Il ne dispose pas de sirènes d’alarmes comme le veulent les bonnes pratiques de l’activité. Aucun plan d’alerte aux populations ni d’évacuation n’est prévu.

19 morts et une catastrophe écologique

Le bilan humain est de 19 personnes tuées, dont 2 enfants, et 50 blessées. La boue, qualifiée de non toxique par l’exploitant, se propage à travers le RIO DOCE. Plusieurs rivières sont polluées ainsi que des zones naturelles protégées. Des millions de poissons sont morts. La pollution s’étend jusqu’à l’océan atlantique à 650 km. L’embouchure du fleuve, réputée pour son écotourisme et zone de reproduction d’une espèce de tortue marine géante, est touchée. 280 000 personnes sont privées d’eau potable.

Défaillances structurelles en cause

De faibles secousses sismiques ont été enregistrées dans la région le jour de l’accident, sans que le lien avec la rupture de ces barrages en remblai ne soit établi. Le barrage, en limite de ses capacités, était en cours de sur-élévation. Les scénarios accidentels minimisaient largement l’ampleur du flot de résidus en cas de rupture : ils étaient basés sur la hauteur de construction en 2008, soit 45 m, alors que le barrage en faisait le double le jour de l’accident.

L’opinion publique pointe l’insuffisance de contrôles de ces installations par les autorités et la lenteur de la révision du code minier, en négociation depuis plusieurs années. Le gouvernement, qui qualifie cet événement de «plus grande catastrophe environnementale de ce pays », suspend l’autorisation d’exploitation.

Selon la presse, le 1er  barrage avait rencontré de nombreux aléas techniques :

  • avril 2009 ; des infiltrations jusqu’à 1 m de diamètre furent découvertes. Elles provoquèrent une érosion interne de la structure. La retenue fut vidée en urgence et le barrage consolidé.
  • 2010 ; la galerie principale du barrage fut ensevelie par du sable. Les joints de dilatation s’ouvrirent, un effondrement et des fissures furent observés. Le corps du barrage fut renforcé, le système d’évacuation des eaux pluviales remplacé et les anciennes galeries bouchées.
  • de 2013 à 2015 ; 4 résurgences apparurent dans le corps du barrage. Durant cette période, l’entreprise augmenta sa production de 37 %, et donc la hauteur du barrage.
  • juillet 2015 ; lors de la dernière inspection, une résurgence était apparue côté droit. Les drains posés pour traiter les précédentes résurgences coté gauche étaient déclarés saturés. Les piézomètres indiquaient l’existence d’infiltrations importantes dans la structure du barrage.

Réparation du préjudice environnemental

Le gouvernement inflige à l’exploitant une première amende de 2 milliards de réais (450 M d’€) pour les parties civiles. Il engage des poursuites pénales envers l’exploitant au titre de crime environnemental et d’homicide. Le 2 mars 2016, un accord est signé. L’exploitant s’y engage à verser 5,6 milliards d’€ pour le financement d’un programme qui s’étale sur 15 ans. Son objectif est de réparer les dommages sociaux et environnementaux de la catastrophe. Il prévoit notamment la récupération de 40 000 hectares de zones de protection permanente, et 5 000 sources, qui ont été dévastées dans le bassin du fleuve ainsi que la sauvegarde d’animaux sauvages.

En mai 2016, le ministère public demande 43 milliards de dollar aux propriétaires de l’ouvrage. Cette action judiciaire vise à réparer “intégralement” les dommages humains, économiques et environnementaux provoqués par la tragédie.