Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une usine chimique classée Seveso recyclant des solvants usagés est inondée à partir de 6 h lors d’une crue de la SEINE consécutive à une période de fortes pluies. La crue n’était attendue qu’en début de soirée, mais, la préfecture ayant alerté l’exploitant la veille, le site était déjà en sécurité : utilités (gaz, électricité) coupées et arrêt de la station de traitement des effluents (STEP), équipements informatiques surélevés, stocks sensibles et camions en attente de livraison évacués et stock de plaquettes de bois de la chaudière biomasse partiellement évacué faute de temps, les stockages de produits dangereux étant déjà protégés par les murets de rétention existants. Le niveau de l’eau dans l’établissement varie de 10 cm à 1,50 m selon les endroits. Les pompiers interdisent provisoirement l’accès au site, un employé rondier chargé de mesurer le niveau d’eau ayant failli se noyer en tombant dans une bouche d’égout masquée par l’eau et dont la plaque avait été soulevée par l’inondation. Le 12/05, 70 % des locaux sont au sec grâce aux moyens de pompage des pompiers. La production reprend partiellement le 13/05 après un important travail de nettoyage des zones inondées et de contrôle / séchage des équipements atteints : pompes, moteurs et transformateurs. Les dommages matériels et les pertes de production s’élèvent à 2 M€. Les voiries exposées au passage de l’eau ont aussi été érodées par le courant, des fûts vides ont dérivé et arraché des parties de clôture, les locaux électriques de la station d’épuration ont été envahis par plus de 10 cm d’eau, des pompes et moteurs fixes submergés doivent être révisés ou remplacés, ainsi que le réseau de transmission des données de sécurité des stockages vers la salle de contrôle devenu inopérant : détection incendie, mesure de niveau des 20 bacs du site et dispositif d’inertage à l’azote. L’inondation révèle aussi des défauts d’étanchéité dans les rétentions les plus anciennes, où de 3 à 15 cm d’eau ont été retrouvés au pied des bacs malgré la présence des murets. Aucune mesure de chômage partiel n’est prise durant l’arrêt de l’usine. L’inspection des installations classées s’est rendue sur place. L’exploitant informe le voisinage que la remise en route du bassin d’aération (non submergé) de la STEP risque de provoquer des odeurs nauséabondes. Plusieurs entreprises voisines ont aussi été inondées (ARIA 43787, 43789, 43791). Les territoires concernés par la crue sont classés en état de catastrophe naturelle. Selon l’exploitant, la construction d’un grand silo plat légèrement en hauteur – en amont du site par rapport au fleuve – serait à l’origine de l’inondation de son usine, la dernière crue de référence 30 ans avant n’ayant pas atteint le site (en dehors de la STEP plus proche du fleuve) alors que le silo n’existait pas. Cette situation rappelle que la gestion des risques d’inondation au niveau d’une zone industrielle doit se faire de façon globale, pour éviter que les mesures de protections spécifiques à un site n’aggravent les risques pour les sites voisins.

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