Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un convoi de 20 wagons quitte un tunnel vers 23h30 pour traverser une gare, quand 7 citernes de 80 m³ d’essence déraillent. Un essieux dont l’une des boites de roulement s’est trop échauffée s’est rompu sur un wagon. Des traces sur les traverses et ballasts attestent que ce dernier suit le convoi sur 300 m et quitte les rails vers un aiguillage à 100 ou 150 m en amont du déraillement.

Virole déchirée sur 1/3 de longueur, clapet de fond arraché… 4 citernes se vident, un violent incendie se déclare, le mécanicien éloigne le reste de la rame. Un wagon renversé s’ouvre 15 à 20 min plus tard générant une explosion et une boule de feu ; le flux thermique seul aurait incendié une habitation et un pré à 100 m des voies. Des ruisseaux d’hydrocarbures (HC) en flamme se déversent 20 m en contrebas dans une rue bordée d’immeubles qui canalise l’essence enflammée, 15 habitations et 15 véhicules sont détruits. Des plaques d’égouts en fonte sont projetées à 15 ou 20 m de haut, puis un incendie et des explosions détruisent la station de relevage des eaux pluviales à 250 m en aval évitant ainsi une pollution du RHÔNE.

L’incendie est éteint le matin par 250 pompiers. Dans un périmètre de 600 m, 1 000 personnes ont été évacuées de nuit, 6 sont blessées : le mécanicien et 2 riverains brûlés superficiellement, 3 victimes de fractures et contusions en fuyant devant les flammes.

Mandaté par la commune et la société ferroviaire, un bureau d’étude évalue les conséquences de l’accident et suit la mise en sécurité du site : nettoyage / inertage des égouts par pompage et ventilation (3 000 m³/h), inventaire des regards d’accès, contrôles des teneurs en gaz et des collecteurs pour éliminer d’éventuelles poches d’HC… Puis sa dépollution ; 20 m³ d’HC restants dans les wagons, 300 m³ ont été perdus ; 200 m³ brûlés / volatilisés lors des explosions, dans les égouts ou après ventilation et 100 m³ dans le sol et la nappe (- 1 à – 4 m), mais le captage d’eau communal en amont n’est pas menacé.

En quelques heures, 16 piézomètres sont forés. En 4 jours, 110 prélèvements d’eau et 250 mesures de «gaz» dans les sols, journalières durant 1 semaine, permettent d’évaluer la pollution. La chaleur du feu a favorisé le dégazage du sol, mais les mesures révèlent une pollution sur 1 m de profondeur dans le talus sous les voies (1,1 ha), ainsi que du sous-sol de la zone urbanisée du talus jusqu’à 80 m (1,5 ha). Des teneurs en HC supérieures aux 2 500 ppm max. des appareils sont relevées. Un drain CNR le long du talus draine les HC qui surnagent, une partie est récupérée avant la station. Pour rabattre la nappe, 5 puits (diam. 1,2 m) sont creusés dés le 18/01/93.

Les zones à valeurs anormales persistantes seront ventilées et dépolluées. Déjà utilisée après un accident sur cette voie ferrée en décembre 1990 (ARIA 2438), la technique de «venting» retenue va limiter délais et coûts de traitement. Au nord et au sud des terrains pollués, 2 réseaux mettent les sols en dépression (DP=250 mb) et une barrière hydraulique complète le dispositif à l’est. Les HC drainés sont incinérés dans 2 fours mobiles. 98 % des HC seront récupérés en 4 mois durant lesquels une centaine de personnes est relogée.

Selon la société ferroviaire, les réhabilitation et indemnisations (tiers et commune) s’élèvent à 70 MF (1993), dont 15 MF pour reconstruire la station et 5 MF de traitement. Celle-ci crée peu après une entité pour suivre en temps réel les wagons isolés (trafic diffus) et convois, ainsi que conseiller et informer en cas d’accident de transport pour recourir à bon escient aux moyens de secours publics.

Transport ou IC, les conséquences potentielles d’un épandage massif incontrôlé de liquides inflammables impliquent une intervention urgente pour en limiter la propagation et la mise en oeuvre rapide de moyens pour évaluer et traiter la pollution. Des risques élevés notamment lors de déversements dans les réseaux (ATEX…) qui méritent d’être pris en compte dans les études de dangers et plans de secours.

Au-delà de la mise en oeuvre des premières mesures de secours, la question de la limitation de l’extension de la pollution du sous sol et des réseaux d’égouts par les hydrocarbures s’est rapidement posée. Les entités en présence (commune, société de transport ferroviaire et administration) ont été confrontées dans l’urgence à la nécessité de prendre des décisions pour évaluer sans retard l’extension de la pollution, la gravité des conséquences intervenues et potentielles, ainsi que pour mettre en oeuvre des mesures de prévention de la propagation des hydrocarbures alors que les responsabilités n’étaient pas clairement établies et qu’aucune estimation de la durée et du coût de ces mesures n’était disponible.

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