Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans un entrepôt de produits phytosanitaires classé Seveso seuil haut, le déclenchement à 18h56 du système d’extinction automatique à mousse équipant une cellule de 1 000 m² provoque l’intervention des pompiers 44 min plus tard. A l’arrivée des secours, la mousse a rempli la cellule et atteint son plafond à 10 m de hauteur.

Une équipe de 3 pompiers équipés d’ARI pénètre dans un local voisin pour vérifier que les portes coupe-feu se sont bien fermées. Durant leur progression, le contact physique et radio est perdu avec l’un des intervenants, une femme de 46 ans, officier professionnel expérimenté (lieutenant). La victime est retrouvée dans le coma, sans son ARI et détachée du fil de vie. En l’évacuant, un pompier se blesse légèrement à la main. Le maire, la police, le préfet et l’inspection des installations classées se sont rendus sur les lieux.

La pompe du système d’injection de mousse est tombée en panne en raison de son fonctionnement prolongé alors que les réserves d’eau et d’émulseur étaient épuisées. Lors de l’ouverture des portes des locaux techniques, la mousse a envahi les parties extérieures du site sur une hauteur de 50 à 150 cm. Les effluents liquides restent confinés dans la cellule et le parking.

La victime retrouvée dans le coma décède 3 jours plus tard ; son matériel d’intervention (tenue, masque, corde) est saisi par la justice pour enquête et la mousse est analysée. La persistance de cette mousse dans le bâtiment durant plusieurs jours perturbe les investigations des techniciens de l’identification judiciaire. L’inspection de la cellule incriminée, rendue accessible quelques jours plus tard, ne montre pas de trace de départ de feu et l’hypothèse d’un déclenchement intempestif de la détection incendie suite à un court-circuit est privilégiée. Les dommages et pertes de production se montent à 750 kEuros.

L’autopsie de la victime confirme un décès par étouffement. L’expertise judiciaire révèle une texture anormalement compacte et collante de la mousse (type fromage blanc), provoquant une surconsommation d’air par le trinôme de pompiers intervenants sous ARI et un défaut d’étanchéité de leurs masques respiratoires qui glissaient sur leurs visages. En raison de la densité de la mousse, la victime n’avait pas de contact visuel ou de possibilité de communiquer avec les autres membres du trinôme. La victime avait perdu le contact avec son coéquipier immédiat du fait que la corde de liaison personnelle était fixée au mousqueton du sac à dos de celui-ci alors qu’elle aurait du être reliée à son ceinturon. Quand ses coéquipiers ont décidé de faire demi-tour en raison du manque d’air dans leurs ARI, ils ont déposé leurs sacs à dos au sol et la victime s’est retrouvée seule, désorientée, en manque d’air et ignorant cette décision. Un seul évènement entraînant des conséquences corporelles à la suite du déclenchement d’un système d’extinction automatique était enregistré à ce jour dans la base ARIA (ARIA 26999).

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