Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 8h40 dans une papeterie soumise à autorisation, une cuve de 1 000 m³ remplie à 95 % avec de la pâte à papier (siccité 10 %) explose lors d’une opération de maintenance réalisée par un sous-traitant spécialisé en chaudronnerie. 2 employés intérimaires de cette entreprise travaillent sur la capacité avec une disqueuse lors des faits. L’un des ouvriers est projeté et retombe sur un toit en faisant une chute de 15 m, l’autre est choqué. Les pompiers arrivent sur le site à 8h55. L’usine est arrêtée. La cuve étant endommagée au niveau du toit, l’exploitant matérialise la zone pour éviter un sur-accident. Les mesures d’explosimétrie, d’hydrogène sulfuré, de méthane, de monoxyde de carbone et d’ammoniac réalisées ne révèlent aucun danger. Le blessé, évacué par hélicoptère à 11h30 vers un hôpital parisien, décède dans la soirée.

L’inspection des installations classées effectue une enquête le jour même et propose au Préfet un arrêté suspendant le fonctionnement de la tour de stockage de pâte à papier et prescrivant différentes mesures : mise en sécurité des installations, recherche des causes de l’accident, mise à jour de l’étude de dangers, définition des modalités de redémarrage… L’exploitant fait inspecter le silo par un organisme spécialisé qui estime que la partie inférieure de la cuve est intacte et que celle-ci peut être remplie à moitié. La capacité est vidangée, inspectée visuellement pour s’assurer qu’elle ne se déformera pas et dégazée. Le toit est découpé en utilisant une technologie plasma qui évite les étincelles. Les zones ATEX autour des silos de pâte à papier sont redéfinies. La papeterie est autorisée à reprendre ses activités le 22/01, les 2 cuves de pâte à papier voisines fonctionnant avec un niveau réduit. Une enquête judiciaire est effectuée. Les pertes financières sont estimées à 1,5 M d’euros.

Les résultats de l’expertise technique réalisée par un organisme indiquent que :

  • la pâte à papier stockée dans la tour a dégagé de l’hydrogène (débit de dégagement de l’H2 par unité de temps et par unité de masse de pâte sèche dans le ciel de la cuve: 20 dm³/h.T, siccité de la pâte : 10 %). A ce débit, la LIE est atteinte au bout de 1,6 h pour un taux de remplissage de la tour de 95 %;
  • l’hydrogène s’est mélangé avec l’air présent dans le ciel de la tour pour y former une atmosphère explosive (ATEX) ;
  • la source d’inflammation de l’ATEX est une particule incandescente produite lors de l’opération de découpage ;
  • la surpression développée par l’explosion a conduit à la rupture du toit de la tour, au niveau du cordon de soudure de raccordement avec la virole.

Par ailleurs, l’organisme émet plusieurs recommandations afin d’améliorer la sécurité des installations :

  • surveiller la siccité de la pâte à papier ;
  • supprimer le toit de la tour après vérification que la cinétique de diffusion de l’H2 dans l’air soit rapide.

Afin de diluer l’H2, de l’air doit être injecté à la surface de la pâte, sous forme de jet vertical par le haut de la cuve. Cette ventilation doit être permanente.

La mise en place d’évents d’explosion sur le toit de la tour n’apparaît pas, dans le cas présent, comme une solution viable pour protéger efficacement la cuve contre les effets d’une explosion.

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