Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un feu se déclare à 20h15 sur une unité de distillation sous vide d’une raffinerie. Les secours internes et externes maîtrisent l’incendie en 1h30. Deux blessés légers sont à déplorer : un opérateur est brûlé au premier degré et un pompier souffre d’une entorse. Ils peuvent reprendre le travail le jour même. L’impact sur l’environnement est limité à un nuage de fumées noires non toxiques. Les dégâts matériels sont importants et l’arrêt de l’unité pour inspection et travaux est estimé à 3 mois.

Cet incendie résulte de la fuite enflammée de slop wax (résidu paraffineux) suite à l’ouverture sur 40 cm² (10cm*4cm) de la ligne de 3” de recycle de ce produit dans la charge de l’unité de distillation sous vide. Le slop wax soutiré de la colonne à 370 °C, température supérieure à sa température d’auto-inflammation (220 °C – 300 °C), s’est instantanément enflammé au contact de l’air.

Plusieurs causes sont conjointement à l’origine de cet accident. Tout d’abord, la présence de souffre dans le slop wax (0,7 – 1,4 % S) et le soutirage à 370°C ont généré une corrosion de type sulfureux haute température provoquant des pertes d’épaisseur de la canalisation de 1 à 2 mm. De plus, la partie de circuit incriminée a été ajoutée lors d’une modification réalisée en 1988 visant à injecter le slop wax dans la charge : elle a été réalisée avec de l’acier carbone, matériau qui n’était pas adapté aux conditions de températures et à la composition du produit. Enfin, la canalisation défaillante ne faisait pas partie du plan d’inspection « slop wax » mais de celui du circuit de charge qui est moins sujet à la corrosion. L’épaisseur de cette portion de circuit a donc été moins souvent contrôlée que celle du circuit « slop wax » l’a été depuis 1988. L’exploitant remarque par ailleurs qu’au cours de l’incendie 3 vannes motorisées d’isolement sur 7 n’ont pas fonctionné correctement et sont restées ouvertes ou partiellement ouvertes. De plus, certaines pompes électriques et turbines ne disposant pas de commande à distance n’ont pas pu être arrêtées dès le départ du feu.

Suite à cet accident l’exploitant revoit les programmes d’inspection, notamment pour les canalisations dont les températures de service sont supérieures aux températures d’auto-inflammation des produits. Il fait un audit et met à jour les plans d’inspections selon des critères plus rigoureux. Il s’assure que toutes les modifications antérieures ont été prises en compte dans les plans d’inspection et que les procédures de modifications considèrent la corrosion au niveau des zones de changement de spécification. Par ailleurs, il s’assure que les essais systématiques des alarmes et sécurités sont réalisés régulièrement et vérifie que les commandes d’arrêt des machines tournantes sont accessibles à distance. Enfin, il diffuse au personnel exploitant une formation suffisante et régulière sur les stratégies d’incidents.