Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un fût métallique de 200 l recueillant les solvants de nettoyage de cabine de peinture explose à 19 h dans une usine appliquant peintures et vernis sur des pièces en plastique pour l’industrie automobile ; 8 employés sont blessés dont 3 gravement et 12 autres sont choqués par la vision de leurs camarades brûlés. Un employé, brûlé à 80 % décèdera le 19/01, puis un second 3 jours plus tard. Le fût, sur caillebotis et relié à la terre, contenant 50 % de méthyléthylcétone (MEK) et 50 % d’acétate de butyle, est parti à la verticale, percutant le plafond. Le personnel maîtrise l’incendie qui suit l’explosion. Les dommages sont limités à 100 m² d’atelier. Une centaine de pompiers, des équipes médicalisées et les gendarmes se rendent sur place. Les eaux d’extinction sont collectées. Un expert judiciaire est nommé, la chaîne atteinte par l’explosion est mise sous scellés.

L’inspection des installations classées effectue une inspection approfondie 5 jours après. Un expert intervient le 18/01. Un arrêté préfectoral complémentaire est proposé au préfet. L’exploitant doit fournir un rapport d’accident. La chaîne non impactée redémarre le 18/01 mais sans les fûts, la collecte des solvants de rinçage se faisant par le rideau d’eau des cabines de peinture.

Le scénario le plus plausible est le suivant : une atmosphère explosive air/solvant est présente dans le ciel du fût et à l’intérieur de la canne plongeante. La charge électrostatique résiduelle du bol de pulvérisation est transférée vers le solvant (temps de dissipation de la charge de 7 s annoncé par le fournisseur, supérieur au délai d’envoi du solvant). Le solvant conserve sa charge en passant à travers le tuyau reliant le bol et la canne plongeante (tuyau isolant) et provoque une étincelle lors de son contact avec l’embout métallique de la canne. Celle-ci provoque l’inflammation du ciel gazeux de la canne et du fût et l’explosion du mélange air/solvant.

Le redémarrage de la chaîne impactée est subordonné à la fourniture d’un rapport d’expertise comportant une étude spécifique sur l’aspect risques électrostatiques de la chaîne dans sa configuration future. Cette étude doit être menée par un organisme reconnu pour ses compétences dans le domaine de l’électricité statique. L’expertise doit inclure les recommandations formulées par l’expert du 18/01 : ventilation du robot de pulvérisation, détections incendies dans les cabines de pulvérisation, étanchéité de la gaine de passage des câbles électriques du robot, estimation de l’énergie maximale libérée par le robot, arrêt du circuit de rinçage et de récupération des solvants en fût en attendant les conclusions de l’expertise. Le 25/08, un incendie s’était déjà produit sur le site (ARIA 30491).

L’utilisation de bols et pistolets électrostatiques dans les cabines démarrée en 2004, remplace progressivement le mode conventionnel. Celle-ci s’accompagne de modifications comprenant une optimisation des volumes de peintures engagés et une augmentation des cadences de changement de teinte. Les derniers réglages ont lieu fin décembre pour un redémarrage de la chaîne le 3/01. Aucune analyse de risques n’a été effectuée par l’exploitant.

A la suite de cet accident, outre les recommandations formulées par l’expert le 18/01, l’exploitant prend plusieurs mesures : la mise à la terre des équipements est contrôlée une fois par mois par l’entreprise et une fois par an par un organisme extérieur ; l’alimentation des pistolets et bols en solvant s’effectue lorsque ces derniers sont à potentiel nul ; des modifications sont prévues au niveau des circuits d’alimentation en solvant ; les opérateurs sont équipés pour une mise à la terre effective ; les zones sont recensées et identifiées en fonction de leur risque et un plan est tenu à jour par l’exploitant, les équipements présents dans les zones à risques d’explosion seront conformes à la directive ATEX.

La chaîne redémarre le 12/09. Les pertes d’exploitations sont comprises entre 4,8 et 8 M€.

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