Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un train de 22 wagons déraille à 23h50 dans un village de 2 000 habitants ; 9 citernes de 80 m³ de carburant sans plomb se renversent, s’enflamment et explosent. L’essence en feu incendie des habitations et rejoint les égouts. Electricité et circulation routière sont coupées. L’incendie est maîtrisé à 6h30 après intervention de 180 pompiers dotés de motopompes…

Un villageois est blessé, 34 personnes sont relogées. La zone sinistrée s’étend sur 1 km et 400 m de large. 8 habitations, 2 garages et 30 voitures sont détruits, 5 maisons sont endommagées. 250 à 300 m³ d’essence polluent 2 ha de terrain. Des captages d’eau potable sont menacés à 100 m et des odeurs de gaz sont signalées dans plusieurs propriétés. L’utilisation de puits agricoles est interdite, les pompages d’eau sont limités, fruits et légumes sont inconsommables dans une zone de 12,5 ha. Des habitations sinistrées sont démolies.

Une entreprise de dépollution intervient ; 10 à 20 % des hydrocarbures (HC) ont brûlé ou se seraient évaporés, 80 à 90 % sont piégés sous forme de gaz et de liquide dans les sols au-dessus de la nappe phréatique (zone “non saturée”), dans le talus de la voie ferrée et en surface de la nappe dans une mince formation argileuse au pied d’un coteau. Puits et caves sont nettoyés. Les zones polluées sont traitées avec rabattement de la nappe (16 m³/h via 3 pompages), diminution de la zone polluée en caractérisant constitution du sous-sol et contamination (organisme expert / 40 sondages), puis dépollution en 3 stades

  • pompage / écrémage en nappe : 40 m³ d’HC récupérés en 17 mois avec rejet au RHONE des eaux de rabattement contenant moins de 20 ppm d’HC ;
  • essais de biolixiviation se révélant sans effet au-delà de 2 m de profondeur et sont abandonnés ;
  • extraction sous vide (venting) très efficace et objet d’un appel d’offres avec objectifs quantifiés : teneur des sols en HC 10 ppm max., pas d’HC surnageant dans la nappe après 1 an de travaux.

Après 45 semaines de traitement, 210 m³ d’HC sont extraits des terrains non rendus à leurs propriétaires, mais repris par la commune pour des aménagements collectifs, facilitant ainsi l’instauration de restrictions d’usage du sol / sous-sol reprises dans les documents d’urbanisme pour garantir dans la durée une utilisation compatible avec la pollution résiduelle.

L’enquête administrative avance une vitesse excessive du train (93 km/h) eu égard au défaut (“gauche”) de la voie ferrée à l’assise fragilisée après une période de fortes pluies. Pour la société ferroviaire, le coût du sinistre s’élève à 28 MF (1991) d’interventions d’urgence, études / dépollution des lieux et à 22 MF d’indemnisation (tiers sinistrés / municipalité).

Après les 1er secours, la commune, la Sté ferroviaire et l’administration évaluent  l’extension et conséquences réelles / potentielles de la pollution, puis mettent en oeuvre des mesures aptes à prévenir sa propagation, sans estimation de leur durée / coûts et en l’absence de responsabilités clairement établies.

L’extraction sous vide est à nouveau utilisée quelques mois plus tard à la suite d’un autre accident sur cette même voie 100 km plus au sud (ARIA 4225). Les essais de biolixiviation montrent que la technique de dépollution dépend des polluants et des milieux impactés : nature des sols, perméabilité, profondeur de la nappe, vitesse d’écoulement…

En matière de REX transposable aux IC, les conséquences potentielles de ce type d’accident impliquent l’intervention urgente de moyens pour limiter la propagation de l’écoulement, puis la mise en oeuvre rapide de moyens d’évaluation et de résorption de la pollution. L’épandage massif incontrôlé de liquides inflammables peut présenter des risques élevés notamment en cas d’écoulements dans les réseaux (ATEX…). Ces situations méritent d’être prises en compte dans les études de dangers et plans de secours.

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