Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une explosion se produit dans un important silo de céréales sur le port de Blaye, le long de la Gironde, à une cinquantaine de kilomètres de Bordeaux.
Ce silo a été construit en 1971 et est constitué de 44 cellules cylindriques verticales en béton de 40 m de hauteur. Au moment de l’accident, le silo contient 37 150 t de céréales. Des opérations de remplissage et également de vidange de certaines cellules et boisseaux intercalaires sont en cours et leur ciel est ouvert sur la galerie sur-cellules. L’explosion se produit dans la tour de manutention nord et met en suspension toutes les poussières de la tour et de la galerie sur-cellules. Les jets de flammes dans la galerie sur-cellules débouchent dans les unités de stockage restées ouvertes situées au centre de l’ensemble des 44 cellules et se propagent jusqu’à l’espace sous-cellules par l’intermédiaire de certains boisseaux intercalaires communiquant avec celui-ci. La configuration géométrique des boisseaux intercalaires a pu permettre à la flamme de s’accélérer notablement en induisant d’importants effets de pression impactant les unités de stockage adjacentes. Ces unités de stockage étant empoussiérées par les opérations d’ensilage, une violente explosion est engendrée dans cet espace du milieu. Sur les 44 cellules du silo, 28 sont détruites dans l’explosion, ainsi que la tour de manutention Nord et les locaux administratifs et techniques qui y étaient accolés.
Les dix employés qui se situaient dans ou à proximité des locaux administratifs et techniques ainsi qu’un pêcheur sont tués et ensevelis sous les gravats et les grains. Un autre employé est gravement blessé. Des débris métalliques, de béton et de verre sont projetés jusqu’à une centaine de mètres. De nombreux projectiles ont atteint l’entreprise voisine et ont endommagé différents réservoirs de stockage contenant de la soude caustique, de l’huile aromatique et de la mélasse, et ont rompu leurs canalisations de transfert vers l’appontement public du port. Des dommages aux habitations (bris de vitres, chutes de plâtres…) sont observés jusqu’à une distance de l’ordre de 500 m du silo.
Face à l’ampleur des dégâts, le plan rouge a mobilisé plus de 400 pompiers ou autres membres de la sécurité civile de toute la Gironde.
Les dommages sont évalués à 160 MF.
L’enquête mobilise, pendant 8 mois, 2 agents à plein temps d’un organisme tiers, mandaté par le Ministère de l’Environnement en appui de l’inspection des installations classées. Des chocs ou frottements mécaniques au niveau du ventilateur du circuit centralisé de dépoussiérage ou un début d’incendie par auto-échauffement au niveau de la réserve à poussières pourrait être à l’origine de l’explosion de poussières qui s’est propagée dans le silo.
La conception de ce silo, à l’instar de ceux de sa génération, a contribué à aggraver le phénomène : conçu fermé, sans évents de surpression et dans une épaisseur de béton de 20 cm pour résister à l’élévation des pressions intérieures, ce milieu confiné a en réalité le pouvoir d’une bombe à retardement. La géométrie de ces cylindres hauts et des boisseaux intercalaires également utilisés pour stocker les grains, a probablement contribué à accélérer les jets enflammés et la montée en pression. L’installation bénéficiait d’un régime d’antériorité par rapport à la réglementation en vigueur.
Suite à cette tragédie fortement médiatisée, les prescriptions de l’arrêté ministériel du 11 août 1983 relatif aux silos sont actualisées. Un arrêté du 29 juillet 1998 fixera les nouvelles obligations réglementaires en matière notamment de conception, d’implantation et d’aménagement général des installations, et de prévention des risques.
Fin octobre 1997, un permis de construire est accordé à la Semabla pour le réaménagement du site. 

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