Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 7 h, lors d’un épisode pluvieux important (4 fois la moyenne mensuelle), le toit flottant d’un bac d’essence d’un dépôt pétrolier coule progressivement. Le niveau du bac de 30 000 m³ est alors de 3 900 m³. Les riverains se plaignent de fortes odeurs d’hydrocarbures. Certains sont incommodés. L’exploitant, qui a également détecté une fuite de 300 l dans la cuvette de rétention du réservoir, déclenche son POI, prévient les secours, la municipalité et les différents services de l’État. L’inspection des installations classées (IIC) se rend sur place.

Après consultation de la cellule d’appui aux situations d’urgence et du BARPI, l’IIC valide la proposition de l’exploitant qui consiste à vidanger à faible débit de l’essence du bac sans confection d’un tapis de mousse. Cette décision se base sur les éléments suivants :

  • l’essence épandue dans la cuvette est pompée et de l’absorbant mis en place pour récupérer le produit résiduel
  • les résultats des mesures effectuées par les explosimètres portatifs installés autour de la cuvette du réservoir sont négatifs et permettent de suivre l’évolution de la situation
  • le calcul de la surpression potentielle liée à l’explosion du nuage de vapeur à l’air libre, au vu de la quantité d’hydrocarbure et de la configuration du bac, montre que celle-ci resterait confinée aux parois du bac
  • la réalisation d’un tapis de mousse réellement efficace dans cette configuration s’avère très difficile
  • l’envoi de mousse au canon est déconseillé en raison du risque d’incendie dû à l’électricité statique générée par cette opération.

Le pompage de l’essence présente au-dessus du toit flottant est achevé le lendemain soir. Deux campagnes de mesures sont réalisées par les secours, en différents lieux de la commune avoisinante. Aucune présence d’hydrocarbure n’est détectée dans l’air ambiant.

La préfecture prend un arrêté de mesures d’urgence pour maintenir le réservoir à l’arrêt.

L’exploitant analyse l’incident à postériori. Sous le poids de l’eau de pluie accumulée sur le toit flottant, celui-ci s’enfonce et fléchit en son centre. Le toit étant en position basse dans le bac, son fléchissement conduit au contact entre le fond du bac et le pied de la soupape ce qui provoque l’ouverture de cette dernière. La soupape ouverte laisse passer de l’essence (de densité inférieure à l’eau) vers le dessus du bac, ce qui le charge encore plus. L’efficacité du drain d’évacuation de l’eau présente sur le toit est mise en question : d’une part, sa capacité d’évacuation s’est avérée insuffisante et, d’autre part, son système de fermeture automatique en cas de présence d’hydrocarbures n’a pas correctement fonctionné ce qui explique la présence d’un peu d’essence dans la cuvette de rétention où rejette le drain.

Parmi les défaillances organisationnelles à l’origine de cet événement on relève :

  • évaluation insuffisante de l’impact des modifications de l’installation effectuées dans les années 1990 :
  • la jambe des 2 soupapes supplémentaires, installées dans les années 1990 au centre du toit flottant, est plus longue que les béquilles du toit
  • la capacité d’évacuation du drain n’a pas été réévaluée après la mise en place en 2001 des systèmes de fermeture automatique
  • conception des modifications inadéquate :
  • le fléchissement du voile du toit flottant lors de contraintes dues aux fortes pluies n’a pas été pris en compte
  • le système de fermeture automatique du drain n’a pas empêché un rejet d’hydrocarbure
  • plans de maintenance incomplets : absence de maintenance préventive concernant le nettoyage du toit et le débouchage de la ligne du drain, contrôle partiel de l’intérieur du drain (de la corrosion interne est observée après l’incident).

Sur la base de son analyse, l’exploitant prend plusieurs actions correctives : vérification de la longueur des jambes de toutes les soupapes de respiration du dépôt avec remise en conformité le cas échéant, révision des plans d’inspection des bacs à toit flottant, étude de fléchissement du toit et d’optimisation du système de drainage.