Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine chimique fabriquant des dérivés de cellulose et principalement du carboxyméthylcellulose (CMC), une explosion suivie d’un incendie se produit vers 16 h lors du redémarrage d’une ligne de production interrompue pendant 9 h à la suite d’une panne.

La mise en service du filtre à bande sous vide par le chef d’équipe provoque l’explosion suivie de plusieurs débuts d’incendies en plusieurs points de la ligne. Un employé de 52 ans est gravement blessé ; malgré sa prise en charge rapide par les pompiers, il décèdera dans la soirée des suites de ses blessures.

L’incendie, qui durera 38 h, provoque d’épaisses fumées noires ; les espaces publics sont fermés dans un rayon de 3 km et les riverains sont invités à se confiner chez eux. La navigation fluviale sur le WAAL est interrompue pendant plusieurs heures. Un bateau-pompe protège des cuves d’acide et des réservoirs d’hydrogène. En soirée, le maire annonce que l’analyse des fumées permet d’écarter tout risque sanitaire.

La procédure encadrant le fonctionnement du filtre à bande date de 2005 ; elle précise qu’il doit être purgé à l’azote au maximum pendant 2 h avant redémarrage. Toutefois, les opérateurs indiquent qu’en pratique la purge n’était effectuée que si les portes du filtre avaient été ouvertes. Dans le cas contraire et même en cas d’arrêt prolongé du filtre, aucune purge n’était lancée. Il était « supposé » que l’atmosphère du filtre était saturée en éthanol et donc au-dessus de la limite supérieure d’explosivité (LSE).

Le jour de l’accident, l’enceinte du filtre n’est pas ouverte directement, mais de l’air frais remonte dans l’enceinte via l’ouverture d’une trappe dans la vis sans fin capotée qui transporte le CMC vers l’unité de séchage, ce qui créé une atmosphère explosive (éthanol / oxygène) proche des proportions stoechiométriques. Celle-ci s’enflamme alors avec une énergie d’activation faible, provoquant une forte explosion. La quantité de vapeur d’éthanol dans le filtre est estimée à 100 m³ (avec 300 kg d’éthanol liquide).

Un scénario d’explosion dans le filtre avait été étudié ; ses effets théoriques ne dépassaient pas l’enceinte. Cet accident montre que la puissance des explosions de vapeurs de solvant est souvent sous-évaluée et les sources possibles d’ignition d’atmosphères explosibles (ATEX) mal étudiées. Il souligne l’importance de l’identification et de la gestion des situations dégradées de fonctionnement, ainsi que des mesures de prévention des ATEX dont l’inertage.

L’assurance évalue les dommages internes à 50 millions d’euros. L’entreprise licencie ses 65 employés et transfère sa production en Chine. L’inspection du travail demande à une autre usine produisant du CMC à 25 km de revoir son plan de prévention des explosions et les mesures de protection correspondantes

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