Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine de pesticides employant 520 personnes, un réservoir de 17 m³ servant au traitement de résidus de Méthomyl dans un solvant MTBK (cétone méthylisobutylique) monte en pression subitement à 22h20 et explose à 22h35. L’explosion endommage gravement l’unité de production, arrache des canalisations et provoque un incendie alimenté par les 8 m³ de produit présent dans le réservoir. Les équipes du site interviennent, secondées de pompiers extérieurs en application d’un protocole de secours mutuels.

Le site est voisin d’une importante université et d’une rivière. La police ferme l’autoroute voisine. Un manque de transmission d’informations aux autorités de la part de l’exploitant, notamment sur les éventuels produits toxiques émis, retarde l’organisation des mesures d’urgence. Les autorités décident de confiner 40 000 personnes chez elles pendant 3 h. L’incendie est éteint à 2h45.

Deux employés, envoyés vérifier la cause d’un déclenchement d’alarme de pression sur la cuve, sont tués (1 sur le coup, 1 des suites de ses brûlures 41 jours plus tard). Présents sur le site, 6 pompiers et 2 employés d’une compagnie ferroviaire sont intoxiqués, 1 est hospitalisé 24 h. Des dommages (bris de vitres) sur des bâtiments et des véhicules sont rapportés jusqu’à 10 km dans les localités sous le vent, la plupart dans un rayon de 2,5 km. Les dommages à l’extérieur du site s’élèvent à 37 000 $.

Un réservoir situé à 25 m, protégé par un bouclier anti-projections et contenant 6 t d’isocyanate de méthyle (MIC), est atteint par des débris mais ne fuit pas, empêchant la dissémination de ce produit très toxique impliqué dans la catastrophe de Bhopal (ARIA 7022).

L’agence fédérale chargée des accidents chimiques (CSB) effectue une enquête qui révèle que l’accident est principalement dû à des défaillances organisationnelles : absence d’encadrement suffisant en phase de démarrage avec un nouveau système informatique de commande, formation insuffisante des opérateurs sur ce nouveau système, non respect des procédures écrites de démarrage (par ailleurs non actualisées), incluant le by-pass de mesures de maîtrise des risques critiques. D’autres facteurs aggravants sont listés : insuffisance d’étude de sécurité avant redémarrage, équipements au fonctionnement dégradé, communication insuffisante lors du changement d’équipe, fatigue des employés causée par les conditions de travail lors du redémarrage (nombreuses heures supplémentaires, stress…). L’exploitant essaye de plus de retenir volontairement des informations, notamment concernant son stockage de MIC, sous prétexte de lois anti-terroristes.

La cuve de traitement des résidus et l’ensemble du système de commande de l’unité avaient été changés pendant un long arrêt estival. La production est relancée prématurément à cause d’une forte demande sur le produit. Des problèmes multiples sur la chaîne de fabrication en amont du traiteur de résidus concentrent toute l’attention des opérateurs et entraînent des concentrations en Méthomyl dans les résidus dépassant 20 % pour un maximum autorisé de 1 %. En fonctionnement normal, les résidus se décomposent dans la cuve. Les gaz sont traités et le solvant est utilisé comme combustible dans d’autres parties de l’usine.

Un by-pass de sécurité ayant été shunté, la cuve de traitement n’ayant pas été pré-remplie avec du solvant “propre” et pré-chauffée et le niveau de liquide étant très haut (à cause d’un régulateur automatique forcé en mode manuel), les résidus trop concentrés provoquent un emballement de réaction qui conduit à l’explosion de la cuve de traitement.

En 2010, l’exploitant accepte de payer 143 000 $ d’amende pour violation des réglementations fédérales sur la sécurité des lieux de travail (procédures d’exploitation mal planifiées, systèmes de secours imparfaits, formation insuffisante du personnel…) En échange, 4 des 13 motifs d’inculpation sont abandonnés.

L’analyse de la structure du réservoir journalier de MIC a conclu que la structure n’assurait qu’une protection marginale en termes d’absorption de l’énergie d’impact de gros fragments à haute vitesse qui pourraient être induits par une explosion telle que celle qui s’est produite. Si le traiteur de résidus avait été projeté dans la direction du réservoir journalier de MIC et avait heurté la structure du bouclier, le tuyau de ventilation du clapet de décharge aurait pu être touché, entraînant la libération de vapeur de MIC hautement toxique dans l’atmosphère, ce qui aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus catastrophiques dans une zone urbanisée. Après l’accident, l’exploitant stoppe la production de méthomyl sur le site. Il réduit également le volume de stockage de MIC de 80 %, élimine tous les stocks de MIC en surface et révise l’analyse des risques techniques de la production de MIC.

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